Elle tend sa main.
L’autre l’accepte et tous deux s’allongent le temps d’une danse.
Sa voix s’élève.
L’autre y mêle la sienne au rythme de ses hésitations.
L’expérience peut commencer.
Malgré le froid, malgré le voile opaque du ciel bousculé.
L’autre.
Cet autre que l’on ne sait pas, Winnie Ho l’invite à se rapprocher et à se confier tout en étant observé. Ce n’est pas par hasard alors qu’elle prend d’abord part à l’exercice en jouant à la fois son rôle d’artiste et d’observatrice : elle ne met pas en scène, elle provoque. Dans le cadre de cette œuvre participative, Winnie Ho enregistre et archive les interactions rendues possibles. Si l’interaction entre deux personnes est circonscrite dans un espace créé de toute pièce, la projection de cette interaction accessible au public altère inévitablement cet espace. Elle invite ainsi à se questionner sur les concepts d’intimité, de rapport à l’autre dans la sphère privée et dans la sphère publique. À quel moment l’intimité devient-elle une performance ? Ne performe-t-on pas lorsqu’on se sait observé ? Et même dès lors que l’on choisit d’aller vers l’autre ? L’intimité, lorsqu’elle est observée, peut-elle être authentique ?
Ces images projetées transforment cette œuvre en archives, nous invitant à y plonger à la recherche des réponses à ces questions.
R. St-Paul est coordonnatrice de recherche et de projets communautaires dédiée à l’inclusion sociale et la santé mentale. Également auteure et réalisatrice en devenir, elle travaille sur des projets audiovisuels en lien avec la représentativité de membres de groupes marginalisés à Montréal, à travers l’histoire de personnages faisant face à des événements traumatiques.