Les oeuvres falsifiées qui peuplent le monde de l’art sont bien plus que de pâles copies. Falsifier ou contrefaire, c’est une exploration soigneuse de l’imagination de l’artiste et la production d’une oeuvre nouvelle. La contrefaçon est aussi le prolongement des intentions transmises par l’oeuvre originale.
Falsifier, c’est se glisser derrière l’original et l’étudier en profondeur. La reproduction demande que l’on s’attarde aux procédés, aux matériaux et au résultat final, menant l’artiste à s’immerger plus loin dans l’histoire et le langage de l’art. Les Faussaires est une célébration de l’imaginaire des artistes et de leurs publics, une exploration intemporelle des sens et des possibilités offerts par l’art.
articule a demandé à différents artistes de créer des pastiches d’une oeuvre de l’artiste québécois de renom Claude Tousignant. Dans cette exposition, le public sera entouré d’imitations ou de versions actuelles d’images abstraites hard-edge parmi lesquelles se trouvera une oeuvre qui fut/est un catalyseur de ce mouvement en art contemporain. L’engagement résolu de Tousignant pour l’art abstrait hard-edge démontre son désir de contrôle rigoureux dans sa production artistique. Les oeuvres les plus connues de Tousignant – Transformateurs chromatiques, Accélérateurs chromatiques et Gongs – ne présentent aucun mouvement libre du pinceau, ni de compositions expressionnistes. Les qualités subjectives du créateur consistent en le choix des couleurs et la taille des images. Le procédé et les matériaux employés sont les points d’entrée et de discussion entre le public et l’artiste. Il n’y a pas de sens unique, seulement un arrangement de couleurs et de formes laissant place à l’interprétation.
Les intentions à la base du travail de Tousignant et la volonté d’articule de provoquer ces idées démontrent que le processus de production d’objets d’art est un langage constamment alimenté par les artistes.
Dans «La mort de l’auteur», Roland Barthes traite de l’acte d’écrire comme d’un point de départ marquant la naissance du créateur qui, au moment même de débuter son oeuvre, meurt également; le texte consomme l’âme de l’auteur. Dans notre cas, c’est l’acte de créer une oeuvre d’art, et non l’écriture, qui nous dévore. Si nous observons l’art depuis ce point de vue, il ne peut y avoir de copies, que des extensions d’objets et d’idées qui, à un moment donné, ont pu remettre en question les paramètres de la méthodologie.
Traduction de l’anglais : Simon Benedict
Nathalie Olanick est une artiste, écrivaine et commissaire. Elle enseigne au Collège Dawson. Son travail fut présenté dans plusieurs galeries et musées au Canada et aux États-Unis. Son exposition la plus récente fut à la galerie Propeller, Toronto, en automne 2008. Récemment, elle fut commissaire pour une exposition de Françoise Sullivan au Womens’ Art Resource Center (WARC), Toronto, événement présenté en collaboration avec le Musée des Beaux-Arts de l’Ontario. Elle est toujours étonnée par là où l’art la mène.