12/09/2011 - 00:00

 

La foi ne questionne pas, elle croit; elle ne s’égare pas, c’est une fidèle compagne. Elle est un rempart sûr contre lequel nous pouvons peser nos propres actions et celles des autres. Malgré son tempérament intransigeant, la foi est ouverte à la réévaluation et au compromis.

Le travail sculptural de Mona Sharma confronte cette nébuleuse construction humaine. Malgré leur douceur, leur aspect pop et apparemment enjoué, Sharma crée des objets qui traitent de traumatisme, de destruction et de désastre. Toutefois, plutôt que de s’attarder aux «grandes» tragédies, comme celle du 11 septembre 2001, elle nous propose de «petits» désastres à échelle plus humaine : le meurtre d’une famille, l’attentat piégé d’un avion de ligne, l’accostage refusé à un bateau de réfugiés, un oiseau mort, une grand-mère sur son bûcher funéraire. Ces désastres humains sont accompagnés de réflexions sur les désastres naturels; la Terre refusant de se laisser apprivoiser par l’homme, ou lui rappelant qu’il est loin d’être en contrôle.

Sharma est également très intéressée par ce que cela signifie d’être canadien. Nous sommes une nation largement constituée d’immigrants, contraints de trouver un terrain d’entente. Notre identité nationale est fondée sur la foi en cet accord imaginaire. Celle-ci s’évanouit lorsque des individus, des organisations ou des gouvernements ébranlent l’assise que nous croyions être l’état permanent de ce pays de notre imagination. Avant de la récupérer, nous devons réévaluer les présomptions sur lesquelles s’appuie notre foi en l’état.

Il n’est pas anodin que les moments que Sharma choisit de représenter soient ceux qui arrivent à la toute fin. La fatalité de ces événements horrifiants est le point de référence pour l’ensemble, car il s’agit du moment le plus vrai de l’histoire, un résultat irrévocable et non un processus discutable. C’est le point de départ du recouvrement; en songeant à la fatalité de ces tragédies, nous retrouvons les parcelles de foi que nous croyions égarées, qui avaient en fait été subtilisées, volées ou autrement perverties. Cet acte contient peut-être une certaine rectification de la foi, un redressement de la croyance, un mouvement continu qui évolue alors que l’univers se déploie, parfois cruellement, autour de nous.

 

Traduction de l’anglais : Simon Benedict

 

Graham Hall vit et travaille à Montréal. Sa pratique en dessin et peinture touche souvent à des intérêts personnels et idiosyncratiques, tournant principalement autour d’idées relatives à l’histoire,  aux souvenirs collectifs et à la synthèse forcée. Il est gradué de l’Ontario College of Art and Design (dessin et peinture, 2000) et du programme hors campus de l’OCAD à Florence, Italie (2001).

Ce texte fait partie d’une série d’essais écrits par les membres de la galerie, portant une réflexion sur les expositions, recherches et projets présentés dans la programmation 2011-2012 d’articule. Le texte de Graham Hall a été produit à l’occasion de l’exposition The Lost and Reclamation of Faith de Mona Sharma, présentée du 9 décembre 2011 au 22 janvier 2012. Il est également disponible sur notre site Internet.

 

 

 

Participating artists: 
Graham Hall