01/17/2014 - 00:00

Sarah Pupo est animatrice dans plusieurs sens du terme. Une vie propre semble irradier de ses œuvres qui s’animent devant le spectateur. Pour son exposition à articule, elle propose une série de vidéos d’animation et d’aquarelles qui habiteront la galerie de manière à recréer l'espace psychologique qu'occupe son travail.

 

Manifestations de forces immanentes auxquelles aucune structure n’est imposée, les œuvres de Pupo proposent des expériences qui se situent en deçà de la pensée organisée. Elles scrutent la noirceur, la nuit ou, dans les mots de l’artiste, « un espace onirique » : entre-deux inconscient et incertain traversé d’impulsions qui s’opposent, se détruisent, se confondent ou procréent.

 

La pratique de Pupo se situe à la fois dans le processus et le résultat d'une sorte de rituel. Celui-ci repose sur l’exercice de gestes répétés, l’improvisation, la pensée associative et l’intuition. Ce processus est particulièrement visible dans ses animations qui empruntent à la technique de peinture sur pellicule et sont construites sans montage. Pour In the Night Room, la galerie fera en quelque sorte partie de l'œuvre, et Pupo sera, pour l'occasion, performeuse. Elle fabriquera une table lumineuse à articule et travaillera sur place à une nouvelle animation, tout au long de l’exposition. Alors que les séquences s’ajouteront les unes aux autres, le projet croîtra littéralement et métaphoriquement. L’installation se métamorphosera ainsi, au fil de ses visites fréquentes, avec la ré-animation régulière de l'œuvre qui éclairera tout un mur ainsi que la vitrine d'articule.

 

Documenter ainsi ce qui est éphémère le rend plus tangible. Nous ne sommes souvent témoins que du résultat du travail et, pourtant, connaître ce cheminement rajoute à l'expérience du public et met de l'avant le côté magique de la pratique de l’artiste. En dirigeant l'attention sur la matérialité des éléments qu’elle anime, Pupo donne un accès privilégié à ses œuvres en même temps qu’elle souligne leur caractère surréel.

 

L'espace sera également peuplé de deux animations antérieures et d'une série de dessins créés récemment lors de résidences au Kolin Ryynänen Art and Culture Centre en Finlande et au Klondike Institute of Art and Culture à Dawson City. Ces oeuvres agiront comme points d'ancrage thématiques à l'animation centrale et proposeront un aperçu étoffé des réflexions que Pupo poursuit sur la clarté et l’obscurité, l’espace psychologique et le corps interne.

 

Dans le dessin, la réalité a la faculté de s'effondrer. Des objets tangibles se dissolvent à travers le mouvement, fondent, se reforment. Pupo soutient que c'est la noirceur dans son travail qui lui permet cette fluidité en ouvrant des espaces intérieurs. Dans la nuit sombre, l'espace-temps s'effrite, les objets inertes se trouvent décalés et tout ce qui est familier est remis en question. En relâchant son obscurité dans la galerie, Pupo éblouira janvier et février, ces sombres moments d'hiver.

 

 

Amber Berson est passionnée par l’art et son potentiel de changement social. Ses recherches sont axées sur la culture de l’autogestion dans les arts. Son mémoire de maîtrise (Université Concordia) examine la manière dont les femmes autochtones disparues et assassinées ont été représentées dans l’art canadien. Elle poursuit actuellement un doctorat à l’Université Queens. Elle travaille avec des centres d’artistes autogérés et a co-commissarié plusieurs expositions et projets dont : SIGHT & SOUND, Salon : Data, Département des Nuisances Publiques (Eastern Bloc),  la résidence Wild Bush (Val David, Québec), In Your Footsteps (Galerie VAV), le Magpies Nest (Lancaster, Pennsylvanie) et We lived on a map… (Centre de recherche ethnographique et d’exposition sur les conséquences de la violence). Elle siège également sur le comité de rédaction de .dpi, une revue féministe consacrée à l’art et à la culture numérique.

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Participating artists: 
Amber Berson