Emmanuel Galland et François Lalumière empruntent à la photographie, à la sculpture et au collage pour jouer avec l’espace architectural urbain à travers l’installation in situ Retourne-moi.
L’architectonique de l’édifice abritant le commerce « La Maison du peintre » et la galerie d’articule est symétrique : on peut parler ici d’effet miroir. Les artistes reproduisent la façade du magasin de peinture dans le « cadre » d’articule, créant ainsi un facsimilé tridimensionnel presque parfait. À croire que le magasin de peinture double sa surface. À moins qu’un tournage cinématographique ne déploie ses décors.
Tous les éléments composant la vitrine de « La Maison du Peintre » (autocollants, logos, grille, objets, néons, publicités, enseigne, etc.) sont répétés aussi fidèlement que possible, mais de façon inversée (copier / coller / flipper) et avec des matériaux recyclés. Poussant plus avant l’idée de décalage et de réinterprétation, les objets recréés sont recouverts de Duct Tape blanc : marques, inscriptions et couleurs, ainsi masquées, s’effacent. À l’enseigne de ce recyclage visuel complet, tout est factice : les artistes ne se revendiquant pas d’une logique illusionniste.
Avec Retourne-moi les deux artistes opèrent des glissements entre le patrimoine et sa préservation, la construction et la rénovation, le réel et son enregistrement, l’original et la copie, le familier et l’étrange, la magie et les trucages, les faits et les souvenirs, la vérité et le leurre.
Emmanuel Galland est un artiste / commissaire et consultant en cultures et communications. Formé en arts plastiques et en histoire de l’art à l’Université de Montréal, il a exposé ses photographies et installations principalement dans le réseau des centres d’artistes et des musées au Québec. Son travail a remporté des prix et fait partie de plusieurs collections. Fortement impliqué dans le réseau de l’art, il a oeuvré au Centre d’art et de diffusion CLARK, à l’Espace Vidéographe, à MUTEK et au MAI. À une période d’hyperactivité à la fin du XXe siècle, suivent plusieurs saisons de jachère. Puis, ses engagements le mènent à fusionner ses compétences. À titre de consultant, il accompagne plusieurs artistes et organismes/événements culturels. Communicateur et rassembleur, il est aussi cofondateur du MTL ART MAP [www.pavilionprojects.com/map]. Tisser des liens et ne jamais être là où on l’attend caractérisent sa démarche plurielle.
Les collages, installations, sculptures et interventions urbaines de François Lalumière se remarquent par leur utilisation du Duct Tape (ruban gommé) qu’il travaille dans une palette de couleurs élargie. Sa démarche transhistorique aux préoccupations environnementales entremêle un intérêt pour la picturalité et l’ornementation. Il revisite tant les arts décoratifs que les motifs primitifs, les iconographies autochtones que l’abstraction géométrique. Intéressé par la création contemporaine dans son spectre le plus large, il a œuvré dans le milieu du design et de la mode auprès de Denis Gagnon, Azamit, Yso et pour l’hebdomadaire VOIR. Il a exposé à la Galerie FOFA avant de présenter l’exposition « CONTREBANDE / CONTRABAND » – accompagnée d’une publication – à la Galerie VAV. Il suit présentement le programme Studio Arts de l’Université Concordia.
Texte par Amber Berson